Le cycle des nécromants - Livre I - Chpt.1

A l'origine il s'agissait d'une fanfiction pure de gw il y a un an et demi, puis ça a commencé à devenir un projet plus sérieux. Et un an et demi de travail sur le scénario après, je commence tout juste à rédiger le premier jet, mais je manque d avis subjectif (du genre "j aime"/"jaime pas"/"je suis passioné"/"j'accroche pas") sans tenir compte du style, car c'est encore très mal écrit : forcemment c'est du premier jet, et il manque encore le style, et beaucoup de descriptions qui seront par la suite rajoutées.
J'ai crée mon univers pendant tout ce temps, et je me suis enfin débarassée des noms relatifs à gw en les remplaçant (Ascalon, etc.) mais ça reste une histoire inspirée il y a longtemps de gw et le background de mon personnage gw. J'espère ne pas m'être trompée de partie en postant ici.

En espérant avoir bientôt vos avis sur la question,
Merci d'avance, Kira.

Ps : comme aucun forum ne gère les alinéas, je fais des sauts de ligne pour aérer le texte. Pardon d'avance.


Le cycle des nécromants
Livre I – L’Ancien Temps
Chapitre I – La fin de l’exil.


Dans la forêt des pins blancs qui devait son nom à la particularité qu’elle avait d’être toujours gelée, un village entier s’était lancé à la poursuite de la nécromante fugitive. Partie trop rapidement dès qu’avait retenti l’alarme, elle n’avait pas eu le temps d’emporter quoi que ce soit. A présent, elle courait à vive allure au milieu des arbres verglacés dont les banches se brisaient à son contact. Si ses cheveux ne s’accrochaient pas aux obstacles naturels qui lui étaient opposés, en revanche, sa marche était ralentie par la neige qui lui arrivait à mi-mollets et elle souffrait du froid : le capuchon de sa cape était retombé et celle-ci ne couvrait plus ni ses épaules ni son cou. De même, sa longue robe et ses petites bottes fourrées laissaient danser dans son jupon les gerbes blanches qu'elle soulevait sur son passage. Ses mains saignaient des mouvements qu'elle leur imposait et des écorchures que le moindre contact engendrait. Partout enfin où elles se posaient, elles laissaient leur marque.

Plus loin en arrière étaient les villageois. Criards, agités, enragés. Ils tentaient de diminuer la distance qui les séparait encore de la jeune-femme. Les chiens tenus en laisse, ils les excitaient pour affoler la proie et la conduire à faire un faux pas qui leur donnerait l'avantage. Mais elle n'avait pas peur. Plutôt pragmatique, elle cherchait une solution pour se débarrasser d'eux, car à cette allure ils ne tarderaient pas à quitter le couvert des arbres pour atterrir dans la plaine. Impossible cependant de faire demi-tour ou de bifurquer sans qu'ils ne gagnent du terrain.

Prenant ce risque, elle orienta légèrement sa course vers la gauche pour s'éloigner de la bordure qu'elle savait proche, mais les hommes à ses trousses semblaient avoir anticipé sa décision et c'est avec un peu moins de sang froid qu'elle entendit les aboiements se rapprocher singulièrement d'elle. Avec de telles bêtes lâchées à ses trousses, ce serait finalement la plaine.

Cela faisait bien quatre ans qu'elle n'avait plus mis un pied du côté d'Eleusis. Condamnée à mort si jamais elle y était capturée, elle s'était exilée deux ans avant la fournaise de l'autre côté à peine de ses frontières : dans les cimes qui surplombaient la rivière servant de séparation aux deux royaumes. Elle n'était pas même revenue lorsqu'elle avait appris par des réfugiers que le pays était ravagé par les Kérès. D'ailleurs, elle se demandait toujours comment ces bestioles avaient pu renverser la situation. Elle n'en avait jamais vu de ses propres yeux, mais à sa souvenance, c'étaient les hommes qui avaient toujours dominé les affrontements.

Elle se demandait à présent qu'elle était obligée d'y retourner si l'Ordre de Dwayna avait survécu à ces quatre années et aux offensives ennemies. Peut-être, se disait-elle, qu'elle aurait la chance de compter parmi les oubliés de la guerre ou que l'Ordre religieux qui dirigeait autrefois la contrée aurait été détruit.

_Si seulement... songea-t-elle.
_Je la vois ! hurla alors un homme, précédé de cent bons mètres par les chiens.

Cette annonce eu l'effet d'un choc électrique sur elle. Toujours incapable d'utiliser la magie dans son état alors qu'elle peinait déjà à prolonger cette course infernale qui durait depuis près de quatre heures, elle se surprit à paniquer. Restait à espérer que ses poursuivants soient aussi épuisés qu'elle, parce qu'avec leur visibilité retrouvée, elle était maintenant à portée de sort. Au moins, l'espacement plus franc des arbres annonçait-il la fin des Pins-blancs. D'ailleurs, à y bien regarder, les pins en questions n'étaient plus gelés du tout et le sol commençait à devenir boueux.

Gagnée alors par un sentiment de soulagement, presque de triomphe, elle put enfin accélérer et s'élancer au delà du dernier arbre. C'est alors que dans son excès de confiance, elle déboula à toute allure sur un versant incliné qui tombait presque directement dans la rivière. Perdant l'équilibre, elle tomba sur ses fesses et glissa sur la boue plus rapidement encore avant de finir brutalement sa course sur un petit sentier qui longeait l’Ellusion, ce petit cours d’eau qu'il lui restait à traverser.

L'un des chiens dans son élan ne parvint pas à s'arrêter et imita la nécromante dans sa glissade. Moins chanceux, sa tête heurta un caillou qui le tua sur le coup et son cadavre roula jusqu'à ses côtés. Les autres, rappelés par leurs maîtres plus avertis firent halte à l'orée de la forêt. Et tandis que certains des villageois cherchaient un chemin pour descendre, quelques archers bandèrent leur arc en direction du corps étendu de la fugitive.

A demi-assommée par la chute, elle parvenait difficilement à recouvrer ses esprits et les seules perceptions qui lui parvenaient du monde extérieur étaient des aboiements, quelques injures qu’elle ne parvenait pas à comprendre et la douleur lancinante qui déchirait ses mains sur lesquelles elle était tombée.

Lorsqu'elle essaya de se relever, elle fut arrêtée net par une flèche qu'elle put voir se ficher près d'elle en signe d'avertissement. Retombant lourdement sur ses mains, elle jura plusieurs fois et décrocha lentement sa cape en tentant d'estimer furtivement la distance qui la séparait d’Ellusion.

Le sentier était étroit et en roulant trois ou quatre fois sur elle-même, elle tomberait dans l'eau. La masse colorée de sa cape qui servait aux tireurs à viser ferait illusion quelques secondes. Pas plus. Saisissant alors la seule opportunité qu'elle pouvait espérer avoir avant qu'ils ne l'immobilisent définitivement, elle roula comme prévu mais elle avait mal calculé et le tour supplémentaire qu'il lui fallut fut suffisant pour qu'un trait l'atteigne à l'épaule.

Blessée, elle se laissa couler pour éviter d'autres tirs jusqu'à ce que le manque d'air la force à remonter à la surface. Cela n'avait pas duré longtemps, mais ce fut suffisant pour l’éloigner de quelques centaines de mètres d’eux. Tant bien que mal, elle parvint à s’accrocher finalement à la rive ascalonienne et à se hisser à moitié sur ses rebords.

Hors de portée et hors de leur juridiction, les villageois furent obligés d’abandonner la poursuite. De dépit, certains d’entre eux usèrent inutilement leurs munitions tandis que d’autres hurlaient nombre d’insanités nouvelles. A la fin, ce fut leur chef qui hurla à son attention :

_Saches que tu es à présent bannie des cimes ! Du plus grand Nord au plus extrême Sud. Si tu oses un jour revenir, il t’en coûtera la vie !
_Oui. Oui. Je sais vieillard...de toute façon je l'aimais pas ton village, grogna t-elle en recrachant un peu d’eau.

Avec les quelques forces maladroites qu’il lui restait, elle empoigna tant bien que mal l’objet de sa douleur d’une main et brisa les ailerons de plume qui dépassaient de son dos. La manœuvre fit remuer le projectile dans la chair. Serrant les dents et gémissant, elle haletait sous le coup des brulures que cela lui infligeait. Ses mains lui rappelèrent sa triste condition physique lorsque leurs croutes se craquelèrent de nouveau, saignant de plus belle.

_Putain d’archers ! C’est moi qui leur ai appris à viser !

L’approche de l’objectif étant la même pour le tir à l’arc et le lancement de sorts instantanés, elle avait eu l’occasion, durant son séjour à leurs côtés, d’aider la garde à s’améliorer de ce point de vue là. Plus par pitié pour leur médiocrité que par réel loisir du reste. L’enseignement avait porté ses fruits.

_Ah les vauriens !

Tandis qu’elle maugréait pour détourner son attention de la douleur, elle tira d’un coup sec sur le morceau encore fiché dans l’épaule.

_Saloperies !

Son cri ne trouva d’écho que dans les remous de la rivière qui ballottaient le reste de son corps encore immergé. Relevée sur son coude encore valide, elle se traîna plus franchement, s’agrippant à des touffes d’herbe pour regagner la terre ferme et plate. Dans l’escalade du petit monticule, elle avala de la terre plusieurs fois et glissa en arrière aussi souvent. Ses vêtements gorgés d’eau transformaient le sol en marasme glissant.

Lorsqu’elle parvint enfin à s’extirper totalement des abords de l’Ellusion, une main saisit son bras et la traina sur le sol. Elle s’évanouit. A bout de forces et de nerfs, plus rien d’autre ne lui importait que de sombrer, de se laisser emporter par un sommeil réparateur. Dans son état, elle ne pouvait plus arrêter l’hémorragie et il lui semblait qu’elle s’était sauvée d’une mort certaine pour en embrasser une autre. Mais son corps ne lui appartenait plus.

A son réveil, elle était nauséeuse et assimilait difficilement les derniers évènements. Stagnant de longues minutes, elle fut ramenée à la réalité par un coup de poing percutant sa joue de plein fouet. Sa tête alla heurter la lourde caisse à laquelle elle était attachée. Ce n’est qu’en avalant le sang qui remplissait sa bouche qu’elle remarqua les chaînes. Lourdes, oppressantes, froides. Ils ne faisaient pas dans la finesse.

Face à elle, se tenaient six hommes autour d’un feu de camp en plus de celui qui venait de la brutaliser. Des bandits à première vue, peut-être des mercenaires. Tous bien armés et un sourire malsain pendant aux lèvres.

_Bien dormi, princesse ?
_Le service laisse à désirer et la chambre manque de confort, mais oui, jusqu’à ce que je voie vos sales têtes.

Deuxième coup de poing. Plus emprunt de colère cette fois-ci. Le troisième fut arrêté par le plus vieux d’entre eux.

_Ca suffit. Elle est déjà mal en point. On n’en tirera rien, morte.
_De toute façon on ne sera payés que si elle vaut quelque chose au combat.
_Et bien si vous me laissez un peu récupérer, je ne serais pas contre vous botter le cul bien haut en gage de ma qualité, ironisa t-elle de son sourire insolent.

Celui-ci déformait son visage et ses dents rougies de sang lui donnaient l’allure d’une bête sauvage. Rien ne laissait paraître de son ancienne beauté et seule la vantardise ravivait encore son souvenir de force. Le troisième coup de poing continua sa route. Sans se départir de son masque de sang froid, elle reprit l’échange :

_Où sommes-nous au juste ? Loin d’Eleusis ?
_Si tu nous disais plutôt ton p’tit nom, princesse ? demanda l’un d’eux de l’autre côté du feu.
_Tu es sûr mon mignon ? Tu pourrais p’têtre bien le regretter…

La brute la prit par les cheveux et l’obligea à se tordre pour ne pas souffrir. Contorsions vaines, sa plaie lui déchirait l’esprit. Il lui semblait la sentir éclater et saigner son esprit de tout raison.

_T’y vas un peu fort, remarqua un autre.
_Va faire ta ronde et occupe toi de ton fion. Si les Kérès débarquent on sera bons. Alors dégage et prends ton tour ! ordonna le bourreau.
_Daemon… lâcha la prisonnière en suffoquant. Kira Daemon…

L’homme qui partait monter la garde jeta un regard inquiet à ses compagnons et s’en alla plus rapidement à son poste en prenant soin de resserrer son écharpe. Les autres demeurèrent interdits un long moment à tenter de discerner le vrai de la ruse. Si elle disait vrai, ils gagneraient cher à la revendre à l’armée, mais les rumeurs à son sujet n’avaient rien de rassurant. Ce fut le plus jeune de la troupe qui au final éclata de rire.

_Faites pas ces têtes, vous savez tous qu’elle a quitté le pays si elle n’est pas déjà morte ! Vous n’allez quand même pas avoir peur de ce rat à moitié mort ?!
_Je l’ai ramassée à la frontière, reprit le patriarche dubitatif.
_Le gamin à raison Vil ! On va pas avoir peur d’une légende ! Cette salope mentirait comme un nécromant pour s’en sortir !
_Ah bah merde alors… ! se contenta t-elle de ponctuer.

Si ce n’est l’insulte à sa caste qui avait jadis pour principale loi l’honneur et pour seul idéal la vérité, elle n’en revenait pas de ne pas être prise au sérieux. Mais elle ne pouvait nier que son apparence laissait à désirer. Par Grenth, elle n’était jamais tombée si bas.

Incapables de trancher sur son honnêteté, ils s’accordèrent tous sur le fait qu’il fallait se débarrasser d’elle au plus vite. Un premier suggéra de la noyer, un autre de lui couper la tête et à chaque proposition suivante la nécromante grimaça davantage. Leur chef, Vil, mit fin au débat en déclarant qu’ils la vendraient à l’armée. Sur ce, il ordonna qu’on selle les chevaux. La captive fut attachée à sa monture et à son gardien par une panoplie impressionnante de cordes. Trop faible de sa précédente aventure, elle n’essaya pas de se débattre, simplement de se laisser le temps de cicatriser un peu. Ils ne l’avaient pas soignée ni nourrie et la chevauchée promettait de durer toute la nuit. Tiendrait-elle ? Le soleil tombait seulement de son orbite lorsque le groupe se mit en route. Elle s’assoupit malgré le cahot permanent.

Ce n’est que le hurlement strident d’une Kérès qui l’extirpa du rêve qu’elle faisait sur la meilleure façon de cuisiner un poulet. Sa tête s’éleva au dessus de l’épaule du cavalier pour voir de quoi il retournait : un spécimen, apparemment femelle, gisait au bord de la route, une lance en travers de la cuisse et visiblement très déshydratée -donc faible.

La première chose qui frappa la nécromante fut l’extrême ressemblance entre la créature et les humains. Du fait qu’elle était nue, elle put remarquer qu’elle n’était en rien différente de n’importe quelle femme et même ses yeux étaient normaux. Ne différenciait-on normalement pas cette race par ses yeux entièrement noirs ? Elle était plutôt jolie. Les cheveux longs et d’un noir de jais, elle avait de magnifiques yeux couleur d’acier qui tremblaient sous les rayons de lune. Ces deux clairs hypnotisaient Kira. A quoi pensait la Kérès ? On les disait vicieux et monstrueux. Etait-ce le même genre de légendes que les siècles avaient forgées pour excuser le génocide nécromant ? Elle se sentit prise d’une empathie profonde pour cette race agonisante dans laquelle elle se reconnaissait.

Alors qu’elle l’étudiait, elle aperçut Vil descendre de cheval, un couteau de boucher à la main. Il avait manifestement l’intention de l’achever lentement. Au final, la barbarie humaine était-elle meilleure et plus juste que celle de ces êtres parce qu’elle avait un semblant de légitimité ?

_Douce…et lente a…agonie des ombres…du désespoir…
_Qu’est-ce que tu marmonnes, sorcière ? grinça le cadet.

La kérès n’avait plus d’yeux que pour la captive et dans ce court intervalle, elles échangèrent dans un regard plus de mots que ne l’aurait permis la barrière des langages.

_Je m’appelle Kira Daemon, murmura-t-elle sans savoir si elle pourrait l’entendre ou même la comprendre.
_Ca ne sert à rien de lui parler, ces bêtes là n’ont pas d’intelligence. Ni d’humanité. Elles méritent toutes de crever ! On dit qu’elles emportent leurs prisonniers pour les dévorer ! coupa son cavalier.

Vil leva son effroyable couteau. Lorsqu’il l’abaissa, la nécromante fit le seul don qu’elle pouvait faire à l’agonisante : une mort instantanée. Elle avait rassemblé le peu de forces qui lui étaient revenues et s’était concentrée sur le sang de la créature, dans la région du cœur et du cerveau en espérant que cela fonctionne. Elle avait agit suffisamment rapidement pour les faire imploser avant que la lame n’entame son œuvre. La manipulation de l’hémoglobine était la spécialité de sa famille mais elle était normalement impossible sur un spécimen non consentant. Yeux-de-lune –à défaut de tout autre nom- l’avait-elle donc espéré ? Comment avait-elle pu savoir ? Ou était-ce à la mort en général qu’elle s’était résolue ? Toujours est-il que le chef, désappointé, continua de jouer avec le morceau de viande qui gisait devant lui, comme un gamin boudeur. Il fallut attendre qu’il l’ait découpée en petit morceaux pour se remettre en route. Un autre que la guerre avait rendu à moitié fou.

Kira n’avait plus pu dormir après cela. L’ombre d’Eleusis grandissant dans son esprit à mesure qu’ils s’en approchaient, elle redoutait que la situation ne puisse empirer. Elle avait finit cependant par comprendre qu’ils la maintenaient affamée et assoiffée afin de la livrer impuissante à ses prochains geôliers. De plus son intervention précédente n’avaient fait que rendre plus méfiant encore l’équipage. Sans preuves, il était difficile de savoir si la chose s’était suicidée ou si la femme était vraiment nécromante. Le plus inquiet sans doute restait l’homme auquel elle était ligotée, corps à corps. Au moins, si l’armée payait pour l’avoir c’est qu’ils ne la tueraient pas de suite, pensait-elle. Et le bon côté des choses, s’il y en avait un, était que sa plaie avait cessé de saigner peu après leur départ.

Le paysage qui défilait sous leurs sabots n’avait plus rien à voir avec le monde autrefois fertile qui avait valu au royaume son nom. Tout n’était plus que sable ou terre stérile, parfois jonché de cadavres qui indiquaient qu’ici s’était livrée une bataille, mais la plupart du temps désespérément désert.

_Nous y voilà ! se réjouit le cadet en apercevant les murailles d’enceinte de la ville.
_J’ai faim, commenta Kira qui ne cessa de le rabâcher jusqu’à ce que l’un d’entre eux lui fourre une pomme de bonne taille dans la bouche pour la faire taire.

Les mains liées, elle n’arrivait pas à la manger et ne pouvait plus parler. Rageuse, elle la laissa tomber par terre à regret.

_J’ai faim…

Kira se fit de plus en plus discrète à l’approche de la ville. Si elle avait oublié la magnificence de celle-ci, elle avait toujours à l'esprit la sanction du tribunal. Mourir ici ne lui disait rien. D’ailleurs elle n’avait jamais voulu revenir... et pour la première fois depuis longtemps, elle avait véritablement peur. De cette angoisse qui vous tenaille les membres et vous étrangle de part en part au point de dérober chaque son qui voudrait s’en échapper.

_Eh, tu es bien silencieuse tout à coup !
_J’ai faim, menti-elle.
_On a pas toujours ce qu’on veut.

Condamnée à affronter ses pires craintes, c’est dans un gémissement discret qu’elle contempla la façade dorée du rempart, à quelques mètres à peine, s’illuminer du jour naissant. La lourde porte principale, chargée de pics sur ses côtés extérieurs, était à demi ouverte d’un battant seulement, prête à se refermer en cas d’attaque. Les gardes, tous à l’affût, scrutaient l’horizon depuis leur chemin de ronde et les militaires à la porte arrêtaient tous les arrivants pour les contrôler. Ce fût bientôt leur tour.

_Désolé monsieur, on a nos ordres. Il paraît que l’ennemi ressemble de plus en plus aux hommes. La seule distinction encore reste le langage. Que venez-vous faire ici ?
_Nous amenons une nouvelle recrue pour l’armée.
_Passez.

Recrue ? Elle serait bien restée un moment contemplative sur l’expression si la vision qui suivit ne l’avait plongée au comble de l’horreur : à l’intérieur, elle aperçut au sortir d’une tente la dernière personne qu’elle aurait souhaité revoir. Celle-ci la reconnut également et s’élança sans l’ombre d’une hésitation à sa rencontre, la main sur la garde de son épée.

_Pas ça ! gémit Kira les yeux fermés.

Tout ce qu’elle entendit fut le choc d’une lame contre du métal. Elle entrouvrit un œil, puis l’autre : Vil s’était interposé.

_Bien le bonjour Lucifer, première servante de notre déesse bien aimée, lança le vieux d’un ton faussement amical.

Pour seule réponse la prêtresse grogna, son regard incendiaire allant successivement de la nécromante à l’obstacle qui la protégeait.

_Hoy, Lulu chérie… risqua la captive.
_Toi… ! rugit Lucifer.
_Du calme prêtresse de mon cœur, tu n’ignores pas que la ville n’est plus sous contrôle de l’Ordre de Dwayna, mais sous dictature militaire. Et l’armée achète tous les criminels qu’on voudra bien leur vendre pour en faire des soldats. Elle est ma prisonnière, et j’entends en tirer un bon prix, coupa Vil.
_Son sort a déjà été décidé ! Kira Daemon est condamnée à mourir brûlée vive !
_Mince alors, elle ne mentait pas ! railla un autre homme.

Attirés par la dispute matinale qui s’élevait de la troupe, de nombreux badots étaient venus assister à la querelle et s’étaient réunis autour d’eux, plus avides encore de savoir lorsqu’ils avaient entendu le nom de Kira Daemon. Cette dernière d’ailleurs était démoralisée au plus haut point et se sentait humiliée comme jamais. Frappant régulièrement son front contre son partenaire imposé en signe de ras-le-bol, elle jurait à tout va.

_Ca suffit vous deux ! intervint un soldat. Le général veut vous voir. Tous les trois. précisa t-il.

Lucifer rengaina son épée, l’humeur toujours meurtrière, et partit la première tandis que les bandits détachaient Kira du cheval et que Vil la portait vers la plus grande tente du campement.

_Veux pas… râla Kira, impuissante, les mains toujours liées.
_On fait pas toujours ce qu’on veut, répéta t-il.

Le patriarche souleva un pan du voile qui en occultait l’entrée et entra dans l’obscurité mourante de l’abri de toile. L’unique pièce était plutôt vaste et de forme rectangulaire autant qu’en put juger la jeune femme. Le mobilier était sobre et la couche à même le sol, sur un tas de paille à peine couvert de quelques couvertures. Il n’y avait qu’un bureau au centre, derrière lequel était assis un homme dans la fleur de l’âge. Elle ne le connaissait pas, mais devina rapidement l’importance de sa position – outre son grade- lorsqu’elle remarqua l’épée fichée dans le sol à côté de lui. Plus loin, dans l’autre coin de la pièce était Lucifer. Une expression démente accrochée au visage.

_Hoy ! lança Kira en se forçant à sourire au général.

Vil la reposa debout en l’aidant à tenir sur ses jambes qui ne semblaient pas vouloir la soutenir. De l’autre côté du bureau, l’homme éclata de rires.

_Même dans ce genre de situations vous savez garder de l’aplomb, expliqua ce dernier.
_Question de style, plaisanta-elle.
_Charmant. Tout à fait charmant. Mais plus sérieusement, Vil, combien en demandez-vous ?
_Oh, pour un lot pareil, je préfère attendre les arènes pour faire monter les enchères que de la vendre au forfait. A la longue, le forfait est intéressant, mais pas pour cette énergumène là.
_Je m’en doute, mais peut-elle encore seulement combattre ? C’est une prise appréciable mais vous la ramenez en piteux état.
_Quelques jours il n’y paraîtra plus, monsieur.
_Le morceau de viande aurait peut-être son mot à dire ? interrompit-Kira.
_Non. A vrai dire, c’est même une chance pour vous d’arriver si tard. Un an plus tôt, je vous aurais laissée aux bons soins de vos amis de l’Ordre, très chère, fit le général.
_Monsieur, coupa Lucifer. Ca n’est pas une criminelle banale, elle est incontrôlable ! Elle a été jugée et doit être exécutée !
_Vous m’en voyez navré, Madame, mais vous connaissez notre politique.
_Alors vous allez gracier tous les plus grands meurtriers pour réapprovisionner vos rangs ? Même…elle ?
_Oui, et contrairement à ce que vous pensez, nous possédons deux moyens sûrs de la maîtriser.

Kira tiqua.

_Busiris, vos affaires ne me concernent plus. Faites-moi seulement un mot pour la faire entrer à l’arène. Mes hommes et moi-même resteront pour assister au prochain tournoi.
_Je prierai pour que Grenth l’emporte, cracha Lucifer, en proie a un délire macabre.
_Servante de Dwayna, vous dites ? siffla la nécromante.
_Aller, en route princesse, ordonna Vil en prenant la lettre griffonnée que lui tendait Busiris.

Tous deux sortirent de la tente à petits pas, se dirigeant droit vers le colisée.

_Que vais-je devenir à présent ? interrogea Kira.
_Je vous dépose là bas et bientôt vous entrerez dans le tournoi. Il n’est pas nécessaire de gagner, mais de rester en vie parmi les finalistes pour faire étalage de vos qualités. De là, on vous proposera certainement un poste dans l’armée…
_Un chien à la botte des militaires… hein ? Et si je refuse ?
_Et bien je pense qu’ils se montreront moins cléments. Vous étiez condamnée à mort, non ?
_Alors j’ai le choix entre la servitude et le bûcher…pas vraiment réjouissant.
_Au moins vous avez le choix.
_Il y a une chose que je ne saisis pas : comment en sont-ils venus là ? Je veux dire la dictature, l’Ordre, les arènes… on dirait que le monde ne tourne plus rond. Tout à l’heure j’ai vu en arrivant en ville des nécromants armés aux couleurs du royaume alors que le fanatisme n’a jamais été si fort chez les serviteurs de Dwayna depuis que j’ai…
_Ce qui reste de l’Ordre ne supporte pas la dictature militaire qui a profité de la disparition de la tête du conseil religieux pour prendre le pouvoir. De plus, on les oblige à supporter la présence et même à travailler avec des nécromants asservis au général alors qu’ils préfèreraient les éviter. L’amertume de leur défaite les rend plus furieux que jamais.
_Lucifer dans tout ça ?
_La première servante ? Elle s’est rapidement instituée leader du fanatisme montant.
_Mais les nécromants ?
_Ecoutez-moi bien princesse, je n’ai rien en particulier contre votre caste, mais aujourd’hui vous ne valez pas mieux que des criminels à leurs yeux. Et à nous, vous rapportez beaucoup : ils vous achètent plus cher que les humains. Les pertes dues à la guerre sont lourdes, et il faut quelqu’un pour défendre ce qu’il reste de la contrée. De plus, beaucoup vous considèrent comme des machines à tuer. L’armée serait folle de se passer de pouvoirs comme les vôtres. Alors elle ferme les yeux sur votre passé. Personne n’aime les nécromants, mais les gens commencent à s’habituer à les voir passer. Ce sont généralement de bons mercenaires-soldats et Busiris détient indiscutablement un moyen de les diriger. Il n’y a plus que les prêtres qui ne digèrent pas l’affaire.
_Et…
_Ca suffit, coupa-t-il sèchement.

Elle restait perplexe, l’esprit embrouillé de mille questions dont la plus importante à cet instant était de savoir comment le général comptait l’obliger à lui obéir totalement. Elle avait déjà découvert, durant leur courte entrevue, qu’il possédait une arme frappée du sceau d’inhibition ayant la particularité de priver toute personne dans un rayon proche de ses pouvoirs et elle gageait que des deux moyens de la soumettre, c’était le moindre.
Absorbés tous deux dans leurs pensées, Vil et sa captive poursuivirent leur chemin à travers le campement dans le plus grand silence. Kira profita de ces quelques instants pour le détailler : il avait la mâchoire saillante, le visage martelé de cicatrices indiquant qu’il avait beaucoup combattu, les yeux marron et la masse de ses cheveux grisonnants était ramenée en arrière par un vieux ruban noir. Il était sale. Mais sa musculature indiquait qu’il n’avait rien à envier aux jeunes-gens de sa troupe. A vrai dire, elle devait admettre qu’il était encore bel-homme. Pour un humain.

_Nous y sommes, annonça-t-il en cognant brutalement à la porte massive du colisée.
_Qui va là ? cria une voix de l’intérieur.
_Un paquet pour vous ! Busiris l’a approuvée pour le prochain tournoi.
_Quelle délicatesse, soupira la nécromante.

La porte s’ouvrit peu de temps après dans un grincement sinistre, laissant apparaître un homme de petite taille aux allures de bureaucrate affairé.

_Votre recommandation ?

Vil la lui tendit en même temps qu’il poussa Kira à l’intérieur et s’en alla sans un mot. Le surveillant claqua la porte et aida tant bien que mal la jeune-femme à avancer dans les couloirs. Ils étaient humides à cet étage et la pierre suintait sur toute sa longueur. Il s’en dégageait une odeur d’égout écœurante qui ne faisait qu’amplifier à mesure qu’ils progressaient dans le dédale. Avec pour seule éclairage la lueur des torches accrochées aux murs, elle tentait de regarder où elle mettait les pieds lorsqu’il l’arrêta devant un portail grillagé qui clôturait l’entrée d’une immense salle. Son guide l’ouvrit d’un coup de pied : il n’était pas fermé à clé, mais la nécromante refusa d’entrer lorsqu’elle reconnut, gravé sur chaque pierre du sol, le sceau qui la priverait de ses pouvoirs. L’homme, si petit soit-il, n’eut pas à rivaliser longtemps en force pour l’emporter sur elle et l’amener jusqu’à sa cellule au fond de la pièce. Il l’y jeta sans façons et l’enferma pour de bon avec les autres prisonniers qui occupaient chaque cage indépendamment.

Plus tard, vers ce qu’elle estimait être le midi, on lui apporta ainsi qu’aux autres détenus nourriture, boisson, vêtements propres et de quoi se laver un peu. Mais n’étant faites que de barreaux, les geôles n’offraient aucune intimité. Plusieurs hommes d’ailleurs sifflaient grossièrement chaque fois qu’une femme faisait mine de se découvrir pour se rafraichir. Elles n’étaient que cinq sur la trentaine de personnes retenues là dans l’attente du prochain tournoi et à force de frustration, les autres ne se retenaient plus à leur égard. Kira, moins pudique que ses semblables humaines, n’hésita pas à se dévêtir totalement, leur tournant le dos à tous pour faire sa toilette et enfiler la tunique de lin grossière qu’on lui avait donnée, le temps de blanchir et raccommoder ses vêtements. Elle préférait entendre ces dégénérés fantasmer sur son postérieur toute la nuit que de rester sale un seul jour supplémentaire. Mieux, la propreté était un plus moral non négligeable dans sa situation.

Durant ses ablutions, elle fut ravie de constater que bien qu’encore douloureuse, sa plaie commençait à cicatriser et que le port prolongé d’habits détrempés n’avait pas abimé sa peau. Elle occupa même tout son temps, après avoir englouti son repas, à coiffer ses longs cheveux bouclés du bout de ses doigts.

Mais cette apparente coquetterie n’était là que pour dissimuler sa nervosité : elle n’aimait jamais être privée de ses pouvoirs, qu’elle qu’en fût la raison. C’était comme se sentir nue et vulnérable à tout, même aux rayons du soleil, l’essence même de sa magie faisant partie de son être depuis toujours. Au moins, elle reprenait des forces. Il n’y avait d’ailleurs que ça à faire pour tuer le temps : dormir, méditer, manger, et recommencer.

Ca reste du premier jet.


Ce cycle se répéta bien cinq jours durant avant que la nécromante ne daigne reporter son attention sur les environs : dans la cellule la plus proche, était un homme bizarre. Recroquevillé sur lui-même, il avait toujours été silencieux et ne semblait pas sensible à l’agitation ambiante. Plus loin derrière lui, c’était une femme mûre aux allures de bouchère. Apparemment, elle attendait les combats avec impatience. Kira l’entendit dire que c’était le cinquième auquel elle participerait. Au-delà de celle-ci, on voyait mal, et seules les formes vagues et le bruit des prisonniers indiquaient leur présence. Enfin, en face d’elle, était enfermée une gamine. Jeune. La quinzaine tout au plus. Ses cheveux blonds, mal coiffés, lui tombaient devant les yeux. Mais le plus étrange restait qu’elle n’avait presque pas quitté Kira des yeux depuis son arrivée. Assise les jambes en tailleur, elle l’observait à chaque instant. Loin de la mettre mal à l’aise, elle était plutôt intriguée de cet intérêt qu’on lui portait. En définitive, elle mit ça sur le compte d’un stupide jeu d’enfant inventé pour passer le temps et se dit que ses adversaires ne représenteraient pas de quoi lui ôter le sommeil.

_Rien que des humains…

Maintenant qu’elle était en pleine forme, ou presque, il ne lui manquait plus que ses pouvoirs dont elle ne supportait toujours pas l’absence. Par chance, on ne savait plus fabriquer les sceaux inhibiteurs depuis des années, mais l’épée de Busiris et cette pièce étaient la preuve qu’il en restait suffisamment pour lui pourrir la vie. C’était la troisième fois qu’elle y était sujette depuis son enfance et quelque chose lui disait que ce ne serait pas la dernière.

Au matin du sixième jour, on lui rapporta ses effets, blanchis et raccommodés. L’esprit distrait par la petite joie toute simple de pouvoir revêtir des habits plus élégants qui lui rendaient, selon elle, toute son allure, elle ne s’aperçut pas immédiatement du brouhaha grandissant. Ce n’est qu’à midi, au lieu de leur apporter leur déjeuner, lorsqu’on les fit sortir de derrière leurs barreaux, en ligne, des fers rouillés aux poings –eux aussi marqués du sceau-, qu’elle saisit que c’était le grand jour.

On les conduisit tous à l’étage supérieur où l’air était plus frais, dans une pièce plus petite où les attendaient Busiris en personne et le bureaucrate. C’était la salle d’attente, expliqua-ton.

_Ici vous attendrez votre tour de combattre. Je vous rappelle les règles : vous avez le droit de tuer, tous les coups sont permis. Cependant seuls les finalistes auront une chance de sortir de ce trou pour rejoindre l’armée.
_Mais si vous avez changé d’avis et ne souhaitez pas servir, vous pouvez toujours vous laisser tuer, claironna le nabot, narquois.
_Au début, vous travaillerez par équipe de cinq. Soit six équipes au total. Si vous abandonnez, tombez inconscient ou mourrez, vous perdez. Le match se poursuivra jusqu’à ce qu’une équipe perde. Votre décision n’engage que vous. Si vous déclarez forfait, votre équipe continuera seule. Si vous mourrez, personne ne vous remplacera. A la fin, nous n’aurons que deux équipes : les finalistes. Des questions ?
_Oui, moi ! fit Kira, fusillée du regard par tous. Comment sont faits les groupes ?
_Tirage au sort, répondit le petit homme en apportant une liste. Nous l’avons déjà fait, finit-il en épinglant une liste de noms suivis du numéro du groupe correspondant.

« Je suis dans le groupe 2 » observa-t-elle intérieurement.

_Vos menottes ont été ensorcelées pour ne se défaire que lorsque vous passerez cette porte là, ajouta-t-il en la désignant. On vous les remettra à votre retour. De plus, vous vous verrez rendre les armes que vous aviez en arrivant à ce moment là également.
_Assez perdu de temps, coupa Busiris. Je rejoins ma loge, soyez prêts au signal.

A ce niveau du colisée, il n’y avait toujours pas de fenêtre, pas même sur l’arène, mais on pouvait entendre de l’autre côté de la fameuse porte le vacarme du public.

_Ils en ont fait un spectacle en plus… REGARDEZ-NOUS ! DES MONSTRES DE FOIRE ! PROFITEZ-EN ! beugla la nécromante en direction de celle-ci, frappant des poings contre le mur. Profitez-en bien, vous ne m'y reverrez plus … acheva t-elle à voix basse, déterminée. Autour, les autres se moquaient.

A l’extérieur, des cors retentirent.

_GROUPES 1 ET 2, appela un garde.

Ca reste du premier jet.


Une dizaine d’individus disparut de l’autre côté après avoir récupéré leurs armes. Kira se planta devant le garde :

_Alors moi je n’ai aucune arme !

Amusé, et comme s’il n’avait attendu que ça, le bureaucrate fit un signe. Le soldat s’éclipsa dans le râtelier adjacent et en ressortir un objet enveloppé dans un linge à la main. Il le découvrit et le tendit à Kira.

_Un petit souvenir que vous auriez oublié dans le torse d’un homme lors de votre dernière visite, paraît-il, commenta le petit-homme. Le général l’aura reprise hier aux prêtres qui la conservaient pour le jour tant attendu de votre bûcher. Ils doivent beaucoup vous aimer pour en avoir pris soin tout ce temps, ironisa t-il.

Folle de joie devant le retour inattendu de sa partenaire qu’elle n’avait jamais remplacée, elle se contenta de sourire. Un rictus sauvage qui grandissait sur ses lèvres. La nécromante saisit l’épée entre ses mains et la rejeta sur son épaule en entrant dans la lumière poussiéreuse de l’arène. Ses fers tombèrent instantanément. Le retour immédiat de ses pouvoirs acheva de la convaincre que c’était une excellente journée.

Tout en rejoignant son équipe qui avait pris place du côté opposé –elle la reconnut par ce qu’il lui manquait un membre- elle fit siffler sa lame autour d’elle dans de grands battements de bras lui servant autant à se réhabituer à la manipuler qu’à s’échauffer. Celle-ci avait un son particulier, non pas cristallin ou fluide comme certaines, mais plutôt comme un hurlement aspirant l’air autour de lui.

Enfin postée parmi ses compagnons, un autre son de cors s’éleva, indiquant pour Kira que le bal pouvait commencer. Avec elle, la femme bouchère et sa hache, un homme qu’elle n’avait jamais vu que dans la salle d’attente mais qui avait tout du pillard, un autre plutôt large avec un fouet et enfin une femme, assez jolie, maniant le couteau. La foule exulta.

Sans perdre un instant, la nécromante empoigna le bras de la plus jeune de ses deux alliées et lui trancha la gorge. La femme aux couteaux s’effondra sous les cris d’effrois du public, entraînant un ralentissement certain de l’équipe adverse qui s’était lancée dans leur direction. L’incompréhension gagnait les tribunes. Les trois autres, plus en avant n’avaient pas remarqué la traitrise, et elle sut profiter de l’occasion pour décapiter l’un des hommes de la même façon. L’autre s’enfuit en criant qu’il abandonnait, le fouet jeté en direction de Kira pour lui interdire de l’approcher, mais les autres en face ne le laissèrent jamais atteindre la porte.

Enfin, la bouchère lui fit face, ahurie, démente, ravie d’avoir de la chair à découper si près. Un regard en biais : l’autre groupe avait décidé de s’arrêter à mi chemin pour n’affronter que la survivante. Ils devaient préférer les laisser se diminuer pour mieux achever la dernière. Elles s’observaient en chien de faïence, la nécromante laissant pointer son arme vers le sol, elle creusait des sillons dans le sable.

_Tu lui as donné un nom à ton couteau ? demanda la femme, de son air habituellement stupide. Elle semblait chercher par quel côté attaquer.

Kira ne répondit pas.

_Ma hache, je l’ai appelée Sanglante. Elle aime le sang. Rigola t-elle.
_Agonie…, lâcha enfin Kira.
_C’est joli. Elles iraient bien ensemble, Sanglante et Agonie. Une fois que je t’aurai tuée, je ferai connaissance avec Agonie… hein ?

A ces mots, la femme s’élança tout droit vers elle, balançant un revers de hache que la nécromante évita en pivotant sur elle-même, vers la droite, grâce au poids de son épée. Elle se retrouva rapidement sur le côté de sa cible et n’eut plus qu’à prolonger un peu son élan rotatif pour arriver complètement derrière elle. Sans attendre, elle la transperça, en dessous du cœur, entre deux côtes. Une gerbe de sang gicla et vint éclabousser de quelques gouttelettes le visage de la meurtrière.

_Je me bat seule, acheva t-elle en retirant sa lame.

La victime tomba à terre, encore vivante et pleinement consciente alors que son sang s’étalait en nappe gluante autour d’elle. La foule se tut. D’un revers de cape, l'exécutrice essuya sa lame, mais pas son visage. Elle ne souriait plus. Prendre des vies par surprise et dans le dos était simple, mais elle ne tromperait plus personne. En silence, ils se jaugeaient.

Elle avait, depuis, une allure de louve féroce aux yeux de ses ennemis : sa chevelure rouge sombre ondulait contre son visage et ramassait au passage les résidus de sang de sa très-temporaire amie qu’ils étalaient à la manière de griffures le long de son cou. Ses yeux verts brillaient de dureté et de détermination. Et sa robe aux coupes étrangères au pays l’enveloppait de mystère. Une énigme qui n’aspirait pas à se découvrir comme le suggérait le port d’une épée tout aussi rare et redoutable. Elle avait du charme. Mais c’était le genre de beauté froide qui allait de paire avec une absence totale d’état d’âme. Elle avait de l’allure, mais sa silhouette prenait en cet instant des airs de machine à tuer. Enfin, bien qu’elle n’ait pas encore recourut à la magie, tout dans le simple fait de se tenir là, comme ça, révélait la nécromante.

Oups je viens de voir que je m'étais trompée de section, un admin pourrait-il déplacer mon topic au bon endroit svp ?

Salut,

pas de problème je vais changer de section.

Je lirais ca quand j'aurais passé le BAC et finie de déménager, pour être vraiment attentive.

En tout cas, ca à l'air d'être du joli travail.

@bientôt.

Merci beaucoup, et merci d'avance mais surtout bon courage pour le bac !

Merci à toi !

Hésite pas si tu as d'autres textes ou quoi que se soit surtout.

Bah j'ai la suite, mais j'attendrai que tu aies déjà lu ça avant de mettre la suite^^.

J'ai lu ! Enfin !!!!!!

Désolé du temps que j'ai mis, mais entre les exams, le permis, le déménagement et le boulot... Même pas pus jouer à Guild Wars depuis :'(

J'adore franchement, j'attends la suite avec impatience (en esperant que tu n'ai pas dévasté les lieux étant donné ma lenteur).

j'aime^^

on peut avoir la suite?